Hommage à Charles CARRERE, grand poète francophone

Charles CARRERE... Le nom de ce grand poète, disparu l'année dernière, vous est peut-être inconnu. Certains habitants de notre commune se souviennent pourtant de cet homme à la belle prestance, qui marchait régulièrement sur nos chemins, lors de ses séjours dans sa maison de la Blache.

Un homme discret, de grande culture, qui a largement participé aux mouvements de reconnaissance de la culture africaine. Il a longuement séjourné à Saint-Barthélemy-Grozon avec sa compagne, Micheline COURCELLE, en alternance avec son attachement à Lannion, ville où il est décédé.

Mais sa présence ardéchoise lui a permis de tisser des liens amicaux durables. Dominique GAILLARD, qui le connaissait bien, évoque pour www.saintbarthelemygrozon.fr la richesse de sa vie.

Marie-Thérèse de NOMAZY


 

Couverture hivernage de charles carre re

Charles CARRERE avait écrit le poème ci-dessous pour ses funérailles ... 

Poe me de charles distribue a ses fune railles copie

Charles carre re a la blacheCharles CARRERE, à La Blache

Charles CARRERE, poète et ami de la vie

Le 17 janvier 2020, Charles CARRERE, un des plus grands poètes francophones, décédait à Lannion dans les Cotes-d’Armor. Franco-sénégalais, il fut enterré au Sénégal, après un hommage national rendu à la cathédrale de Dakar.

Il affectionnait particulièrement notre région, notre commune et le lieu-dit La Blache, où il faisait de longs séjours avec sa compagne Micheline dans leur petite maison. Discret, on pouvait le rencontrer lors de ses promenades quotidiennes, grande silhouette s’aidant d’une canne en ébène sculpté. Accessible, il avait lié des relations d’amitiés dans notre commune et dans notre canton. Ce qui frappait chez lui, c’était ce mélange de charisme et de simplicité, qui est la marque des personnalités hors du commun.

Grand, Charles l’était par la taille, l’allure, l’élégance, l’érudition, l’amabilité et son œuvre poétique et artistique. Egalement par une vie bien remplie. Né en 1928 à St Louis du Sénégal, il fait des études de droit, devient juriste et consultant à l’Agence de la francophonie à Paris, puis notaire, profession qu’il exercera jusqu’à sa retraite. Parallèlement, il mènera diverses entreprises au Sénégal, notamment dans le secteur de la pêche. Il sera aussi un personnage politique influent. D’abord opposant au premier Président de la République du Sénégal, Léopold Sédar SENGHOR, puis son secrétaire et ami.

Mais c’est une autre activité qui va le propulser vers une reconnaissance internationale. En 1950, Charles, alors étudiant à Paris, rencontre Boris VIAN qui l’encourage à écrire de la poésie. A partir de là, il va construire une œuvre qui en fait un des plus grands poètes francophones contemporains. Les publications vont se succéder : 

Il développera parallèlement une activité d’artiste peintre à partir de 1997.

Son œuvre est reconnue internationalement et Charles aura de nombreuses fonctions et distinctions honorifiques. On citera, entre autres, ses titres de vice-président de la « Maison internationale de la Poésie » (Bruxelles), de coordinateur du « Congrès Mondial des Poètes » (Dakar), le grand prix Léon DIERX de la Société des Poètes français. Il sera, en 2001, nommé chevalier des Arts et des Lettres par Catherine TASCA, ministre de la Culture. Les textes de Charles sont connus dans le monde entier. Et les lycéens francophones lui doivent certains sujets du bac…

Depuis 1997, Charles résidait principalement à Lannion. Il faisait de nombreuses conférences dans les collèges et lycées de sa région d’adoption. Il animait une galerie d’art avec sa compagne Micheline COURCELLE.

Militant du courant de « la Négritude », apparu à la fin des années 1930 sous l’impulsion notamment d’Aimé CESAIRE et du futur Président SENGHOR, il était un ardent défenseur de la Culture africaine. Il a œuvré toute sa vie pour sa réhabilitation et son développement.

Mais sa réflexion ne se limitait pas seulement à l’Afrique. Fidèle à ses origines, il tenait aussi au respect de celles des autres. Selon lui, se servir de ces différences qu’ont les hommes, leur permettrait de vivre dans un monde meilleur. Il pensait que c’était en préservant nos origines que nous pourrions le mieux échanger avec l’extérieur : « Il faut être soi pour aller vers les autres » (conférence à l’IUT de St Malo, avril 2002).

Imprégné et passionné par les Cultures africaines et par la Culture française, Charles était un trait d’union entre elles.

Un grand Monsieur nous a quittés. Dans son éloge funèbre, il fut rappelé que Charles était une passerelle entre le Sénégal et le reste du monde. Le journal Ouest France écrivit « Charles nous donnait envie d’aimer le monde qui nous entoure ».

Charles aimait la vie, aimait la nature, aimait les gens. Il était simple et très drôle. Il était l’ami que chacun d’entre nous rêve de rencontrer.

Dominique GAILLARD

Tous nos remerciements à Micheline pour ses conseils et pour les documents qu’elle nous a fournis.

Charles CARRERE

Disponibilité des ouvrages

  • « Océane » (NEA Sénégal)
    • les Nouvelles Editions Africaines, créés par L.S. SENGHOR, ont fermé en 1988

https://www.amazon.fr/Lettres-Corée-Poésie-Charles-Carrère-ebook/dp/B07F9TD264/ref=tmm_kin_swatch_0?_encoding=UTF8&qid=&sr=

  • « Insula » (fondation Aga Khan, Genève)

  • « D’écume et de granit » (Institut des Etudes Humanistes, Rome)

  • « Nouvelle Anthologie de la poésie nègre et malgache de langue française » (Editions Simoncini, Luxembourg, 1990)
    • ouvrage écrit avec Amadou Lamine SALL

  • « Les contes d’une grand-mère sénégalaise » (chez l’auteur)

Lectures

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